sénégalaiseries


Plus de « Ma waxon, waxet »

Sans le savoir, Me Wade vient de sortir le slogan de l’année. « Ma waxon, Waxet » (Je l’avais dit, je me dédis). Ces trois mots ont eu plus de succès que les formulations du genre « yaye bagne, may naguou », « kou wax fegn », « wala bok bégué », « namouniou dara », « yako yor », « dieuleul li ». Si ces expressions étaient seulement l’apanage d’une frange de la population notamment les jeunes, « Ma waxon, waxet », curieusement est sur la langue de toutes les couches de la population. Que l’on soit enfant, jeune, adulte ou vieillard, on en use et abuse. Il ne reste plus qu’à l’accompagner avec la danse youza en balançant les bras à droite et à gauche avec un balancement de la tête pour en faire le tube de l’été. On ne sait plus qui est sérieux et qui ne l’est pas. On parle et on se dédit aussitôt après. Sur le ton de la plaisanterie, l’on soutient que c’est à la mode depuis le 14 juillet, le fameux jour où Abdoulaye Wade l’avait déclamé devant ses élus locaux. Et comme le dit un adage bien de chez nous, si le chef de famille se permet d’organiser une séance de tam-tam chez lui, il n’est interdit à quiconque de danser. Désormais, on ne manque pas d’implorer son interlocuteur de ne pas faire du « Ma waxon waxet ». L’expression a tellement de succès, qu’elle a occulté l’autre slogan sorti par le secrétaire général du Pds : « Qui a peur des élections ? » Réponse « l’opposition » repris en chœur par un public amusé, séduit et entièrement acquis à la cause de Gorgui. Le comble, c’est que la parole d’évangile tend à devenir de la poudre à yeux car « les promesses n’engagent que ceux qui y croient ». Ce qui est extrêmement grave car dans la civilisation africaine, la parole donnée fait l’homme. Se dédire revient à perdre de facto sa dignité, son honneur et statut dans la société. Si maintenant, les gens banalisent la parole donnée en se rangeant derrière cette expression qui fait fureur actuellement, il y a de quoi avoir peur de cette société déjà sali par des tares qui ne l’honorent pas. Que faire ? Rien sinon espérer qu’une formule qui détonne voit sous peu le jour, mais qui soit accessoirement acceptable. Avant que les enfants ne prennent pour argent comptant le « wax waxet » et les adultes d’en abuser. Car nul n’est censé ignorer qu’au Sénégal, un évènement efface un autre dans la mémoire des gens quelle que soit la teneur de l’évènement passé. C’est le moment pour nos saltimbanques, même si leur art laisse à désirer, de nous trouver dans les plus brefs délais une nouvelle danse ou un tube de l’été pour nous faire oublier cette fameuse et funeste expression « Ma waxon, waxet ».